Chapitre 1: Problème d'Effectif
En 2012, la moyenne était de 326 médecins pour 100,000 habitants. En 2021, cette moyenne a chuté à 318 médecins pour 100,000 habitants. Le constat est clair : les Français ont de moins en moins de médecins, et leur répartition géographique est inégale. D'ici à 2028, cette situation risque de s'aggraver. Comment en est-on arrivé là, et existe-t-il des solutions ? La France manque de médecins principalement parce qu'elle n'en forme pas suffisamment.
Chapitre 2: Origine du Problème
Les conséquences de la crise pétrolière des années 70 ont laissé des traces profondes. La France, comme le reste de l'Occident, a été bouleversée par l'envolée des prix du pétrole, et le double choc pétrolier de 73 et 79 a eu un impact négatif sur l'économie mondiale. Cette période a également vu l'émergence de la crise du chômage, entraînant un déficit croissant de la sécurité sociale.
Henri Krasucki, Secrétaire général de la CGT, a souligné lors du JT de 1979 que les 1,700,000 chômeurs représentaient autant de cotisations manquantes pour la sécurité sociale.
Face à ce déficit grandissant, les pouvoirs publics se sont inquiétés du nombre élevé de prescriptions médicales. Pour réduire les dépenses, il a été décidé de former moins de médecins, ce qui a conduit à la stratégie de l'État consistant à limiter le nombre de places en faculté de médecine.
Chapitre 3: Création du Numerus Clausus
En 1978, 8,280 nouveaux étudiants en médecine ont été admis. En 1980, ce nombre est tombé à 7,121, et en 1993, il était de seulement 3,500. Cette mesure n'a malheureusement pas pris en compte un facteur crucial : le vieillissement de la population, en particulier la génération du baby-boom née après la Seconde Guerre mondiale. Depuis les années 2010, cette génération atteint progressivement le troisième âge, augmentant la demande de soins médicaux.
Chapitre 4: Papy Boom et Départs à la Retraite
Cette génération vieillissante a de plus en plus recours aux médecins, tandis que les médecins eux-mêmes, principalement des généralistes, partent à la retraite. Le numerus Clausus limite l'arrivée de nouveaux médecins, ce qui ne comble pas le déficit causé par les départs à la retraite. Depuis 2020, il y a même plus de départs à la retraite que de nouveaux médecins. Cette situation se reflète de manière significative lorsque l'on rapporte le nombre de médecins à la population, en prenant en compte les besoins de chaque groupe d'âge, ce qui révèle une baisse de la densité médicale standardisée.
Chapitre 5: Problème de Répartition
Le problème ne se limite pas à l'effectif, il concerne également la répartition géographique des médecins. Certaines régions de France ont une concentration élevée de médecins par habitant, comme l'Île-de-France, avec 354 médecins pour 100,000 habitants. En revanche, d'autres régions souffrent d'une pénurie de médecins, comme la région Centre, avec les départements de la Creuse et de l'Indre, qui comptent seulement 241 médecins pour 100,000 habitants.
Chapitre 6: Origines Sociales et Géographiques
La répartition inégale n'est pas seulement due au choix des médecins. Les origines sociales et géographiques jouent également un rôle majeur. Une grande partie des étudiants en médecine provient des classes sociales favorisées, avec 39% ayant des parents cadres, tandis que seulement 2% ont des parents agriculteurs. Les cadres vivent principalement en zone urbaine, tandis que les agriculteurs résident en zone rurale. Selon un rapport de la DREES, la probabilité de s'installer en zone rurale est de 2 à 3 fois plus élevée si le médecin est issu du milieu rural ou y a été scolarisé.
Chapitre 7: Solutions Possibles
Pour remédier à cette situation, des mesures ont été prises. À partir de 2030, les courbes montent à nouveau grâce à la réintroduction progressive du Numerus Clausus, mais avec une approche plus flexible, le Numerus Apertus. Cela a permis d'augmenter les admissions en faculté de médecine de 19,4% en 2021. En outre, des efforts sont déployés pour dégager du temps médical en déléguant certaines tâches à d'autres professionnels de la santé, tels que les infirmiers, les sages-femmes et les assistants médicaux. Cependant, la proposition de limiter la liberté d'installation des médecins dans les zones les plus denses suscite une forte opposition.
Conclusion
La démographie médicale en France est confrontée à un défi majeur en termes d'effectif et de répartition. Les solutions pour remédier à cette situation sont diverses, allant de l'augmentation du nombre d'admissions en faculté de médecine à la délégation de tâches médicales. Cependant, le problème persiste, avec de nombreux départements en dessous du seuil critique en termes de spécialistes par habitant, affectant l'accès aux soins pour des millions de personnes.